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Mathématicienne de formation, je m’interroge sur les fondements de cette discipline, sur le statut de ses objets, sur ses liens avec les autres domaines de la connaissance. J’aborde l’histoire des mathématiques en cherchant à ne pas la réduire à une sociologie, ni à une histoire contextuelle, mais à mettre en évidence les conditions d’émergence des concepts et des théories (ces conditions étant souvent internes aux mathématiques ou suscitées par d’autres domaines). Mes travaux portent sur des périodes éloignées culturellement de la nôtre, le Moyen Âge latin et la Renaissance. Les Éléments d’Euclide
J’ai rédigé un livre sur le commentaire de Clavius (XVIe siècle) aux Éléments (Vrin, coll. Mathesis, 2005). Professeur renommé au collège jésuite de Rome, Clavius était en relation avec la plupart des savants de son époque. Au tournant des XVIe et XVIIe siècles, son œuvre se situe à une période charnière entre tradition et modernité. Si on lui doit des résultats originaux, ses ouvrages sont surtout à visée pédagogique. C’est le cas pour son édition des Éléments d’Euclide, œuvre majeure et jalon significatif dans l’histoire de ce texte. J’ai montré comment Clavius s’approprie les Éléments et les nourrit d’énoncés et de concepts tirés d’autres ouvrages, principalement médiévaux, de commentaires pédagogiques et de réflexions polémiques. J’ai aussi traduit le livre V, qui contient la théorie des proportions et illustre les enjeux et de la structure du commentaire de Clavius. J’ai par ailleurs dirigé une série de travaux sur les différents aspects de la réception du traité euclidien, ses différents usages intellectuels et institutionnels au Moyen Age et à la Renaissance ; travaux parus dans la Revue d’Histoire des Sciences (vol. 56/2, 2003).
Cette règle sera
communément admise au Moyen Age. Toutefois, Blaise de Parme,
célèbre professeur dans les université du Nord de
l’Italie à la fin du XIVe
siècle et au début
du XVe, dans ses Questions sur le traité des rapports de
Bradwardine,
la rejette pour des raisons mathématiques et
physiques. L’étude de ce texte me permet d’aborder
une forme particulière d’exposé, la forme
“Questio”, et de m’interroger sur l’influence
de
cette forme sur le contenu mathématique même. Par
ailleurs, l’étude de ce texte qui mêle des
considérations mathématiques, physiques et philosophiques
permet de poser la question de l’autonomie des
mathématiques, qui est loin d’aller de soi à cette
période. J’ai réalisé en collaboration avec
Joël Biard (CESR, Université de Tours) une édition critique de ces Questions
de Blaise (Blaise de Parme, Questiones circa tractatum proportionum magistri Thome Braduardini,
édité par Joël Biard et Sabine Rommevaux, Paris,
Vrin, « Textes philosophiques du Moyen
Âge », 2005).
Théorie des rapports (XIIIe - XVIe siècles): réception, assimilation, innovation Dans cet ouvrage à paraître, j’ai souhaité approfondir l’étude de certaines notions fondamentales qui sont au cœur de la théorie des rapports ou des proportions. La thèse que j’y défends est qu’aux XIIIe et XIVe siècles se constitue une nouvelle théorie qui a pour objet premier le rapport (alors qu’il semblerait qu’Euclide fasse plutôt la part belle à la proportion). J’ai ainsi montré qu’à propos de ce rapport, les auteurs que j’ai étudiés se posent la question de sa nature (s’agit-il d’une relation ou d’une quantité ?), de ses divisions (en particulier en rapports rationnels et rapports irrationnels) et de sa dénomination (c’est-à-dire de la manière dont il convient de le nommer ; question épineuse quand il s’agit d’un rapport irrationnel). J’ai souligné que Nicole Oresme fait même du rapport (qu’il ne faut pas confondre ici avec le nombre fractionné) un objet de calcul dans son Algorismus proportionum, dont je propose une édition critique en annexe de cet ouvrage. Je montre ainsi comment cette théorie du rapport s’ancre à la fois dans la tradition des Éléments d’Euclide et dans celle de l’Arithmétique de Nicomaque transmise au monde latin par Boèce ; mais je montre aussi que si ces ancrages sont réels et profonds, cette théorie est nouvelle en ce qu’elle présente des glissements conceptuels (notamment à propos de l’irrationalité), mais aussi de nouveaux concepts (comme la notion de dénomination d’un rapport). Cette théorie est aussi innovante lorsqu’elle permet de parler de rapports de rapports.L'algèbre au Moyen Age et à la Renaissance J'anime un groupe de recherche sur l'algèbre au Moyen Age et à la Renaissance. Voir Algèbre. |