Centre National de la Recherche Scientifique
Formes d’articulation entre mathématiques
et philosophie naturelle
(XIVe – XVIe siècle)
Projet présenté dans le cadre de l’action concertée « histoire des savoirs » du CNRS
Unité de rattachement :
GDR 2522 (CESR - Tours)
Responsable scientifique :
Sabine Rommevaux, Chargée de recherche, CNRS, CESR (Tours) - GDR 2522 (Tours)
Chercheurs participant au projet :
Joël Biard, Professeur à l’université de Tours, CESR (Tours), directeur du GDR 2522
Jean-Jacques Brioist, Ingénieur au Service de la navigation du Nord-Pas de Calais, CESR (Tours)
Pascal Brioist, Maître de conférences à
l’université François Rabelais de Tours, CESR
(Tours)
Jean Celeyrette, Professeur émérite de l’université Lille III
Fabien Chareix, Maître de conférences à l’université Paris IV
Egidio Festa, Ingénieur à la retraite
Christophe Grellard, Maître de conférences à l’université Paris I
Matthieu Husson, Étudiant.
Francesco La Brasca, Professeur à l’université de Tours, CESR (Tours)
Edmond Mazet, Professeur à l’université Lille III
Aurélien Robert, post-doctorant, CESR (Tours)
Sabine Rommevaux, Chargée de recherches, CNRS, CESR (Tours)
Sophie Roux, Maître de conférences à l’université de Grenoble II
I. Présentation synthétique du projet
II. Les publications en cours
II. 1— Les manuscrits de Thomas Harriot sur la balistique
II. 2 — Les mécaniques de Galilée
II. 3 — Mathématiques et théorie du mouvement (XIVe – XVIe siècles)
III. Les colloques
III. 1 — “Atomism and
its Place in Medieval Philosophy”, Oxford, 26-27 novembre 2004
III. 2 — “Formes d'interaction entre
mathématiques et philosophie naturelle”, Tours, 24-25
novembre 2006
I. Présentation synthétique du projet
Ce programme de travail se propose d’étudier les relations
entre certains domaines des mathématiques au Moyen Âge et
à la Renaissance, notamment la théorie des proportions,
et certains aspects de la connaissance de la nature comme les
théories du continu et de l’infini, et les théories
du mouvement. La période couverte va du début du XIVe
siècle jusqu’à la fin du XVIe siècle. Il
s’agit de voir comment se nouent des formes originales de
mathématisation de phénomènes physiques, qui ne
sont réductibles ni à la théorie
aristotélicienne de l’abstraction, ni à la vision
de la nature « écrite en langage mathématique
».
Les objectifs sont de mettre en évidence ces formes
d’articulation entre outils mathématiques et connaissance
de la nature, d’analyser les outils mathématiques mis en
œuvre et développés à cet effet, de
préciser les formes d’interaction entre les formes
discursives (questions, sophismes, commentaires) et les contenus
scientifiques.
Ainsi, ce projet pourra apporter une contribution spécifique
à l’histoire des mathématiques
médiévales et renaissantes. De même, les nombreux
débats sur les règles du mouvement constituent un
épisode de l’histoire de la physique où il est
possible aujourd’hui d’apporter des éclairages
nouveaux, en lien avec une connaissance plus complète de la
pensée scientifique et philosophique du Moyen Âge tardif.
Ces savoirs se développent dans un cadre où il n’y
a pas de séparation franche entre les disciplines. Les
mathématiques sont parfois développées en
relation avec les autres domaines du savoir (astronomie, musique,
physique, théologie). La physique, quant à elle, fait
partie d’un ensemble plus vaste, la philosophie naturelle,
organisé selon l’encyclopédie
aristotélicienne, s’appuyant sur les textes
d’Aristote et de ses commentateurs dans le cadre institutionnel
des universités. À la fin du Moyen Âge, les
mathématiques sont enseignées en Italie par des
professeurs qui enseignent en même temps la philosophie
naturelle, la médecine, voire l’astrologie. À
Paris, les philosophes sont d’abord des logiciens puis deviennent
souvent ensuite théologiens. Les théories du
continu mathématique ou physique, de l’infini, mettent en
œuvre de instruments proprement logiques (théorie des
syncatégorèmes, du sens composé et du sens
divisé des propositions, des verbes aspectuels…). Les
théories des proportions comme celles du continu se retrouvent
parfois exposées dans le cadre d’œuvres
théologiques. Le projet montrera donc, en restituant ces formes
de savoir physiques et mathématiques dans leur contexte à
la fois théorique, disciplinaire et institutionnel, comment les
savoirs s’organisent entre eux selon des relations qui varient
historiquement et répondent à des problématiques
déterminées, et comment certains domaines, philosophiques
ou théologiques, viennent stimuler les innovations scientifiques.
Le projet concerne donc tout à la fois l’histoire des
sciences et des mathématiques, la philosophie du Moyen Âge, la
logique médiévale, l’histoire de la
théologie, l’histoire. C’est pourquoi il associera
des philosophes, des historiens de la logique et des historiens des
sciences de différentes formations (philosophie,
mathématiques, histoire).
II. Les publications en cours
II. 1 – Les manuscrits de Thomas Harriot sur la balistique
Ce travail d’édition des feuillets de Thomas Harriot sur
la balistique est mené par Pascal Brioist et Jean-Jacques
Brioist et doit paraître chez Brepols.
Àprès sa mort, les papiers de Thomas Harriot furent
réordonnancés par ses ayant droits d’abord puis par
les érudits du XVIIIe et du XIXe siècle. Il a donc fallu
travailler sur le contenu et sur la bibliographie matérielle de
la documentation disponible (fond de la British Library et de la
bibliothèque de Petworth Castle), afin de dégager quatre
ensembles de feuillets :
1. « Shooting in ordnance » semble
consacré au recueil de données bibliographiques ou
expérimentales sur le tir au canon, le jet ou la chute de
projectiles, l’ignition de la poudre et la « force
» du tir selon l’angle de hausse.
2. « Propositiones elementares de motu »
contient des calculs de séries (somme infinie de fractions
formées selon une régularité donnée)
à partir de diagrammes de mouvement varié qui
évoquent les représentations géométriques
du mouvement et des changements proposées par Nicole Oresme, et
commente des passages du Liber de triplici motu du régent
portugais Alvarus Thomas.
3. « For oblique motions » applique les
méthodes exposées par Alvarus à la composition de
deux mouvements, l’un naturel, l’autre violent. Le cahier
se conclut sur le calcul des portées pour différentes
hausses.
4. « Velocities & randons » applique la
théorie dynamique du cahier « For oblique motions »
au calcul des vitesses initiales des projectiles pour
différentes armes, en se fondant sur les mesures de Bourne et de
Capobianco.
Dans les chapitres introductifs du livre sur la balistique de Harriot,
qui contiendra l’édition de ces feuillets, Pascal et
Jean-Jacques Brioist présentent un panorama de
l’art de l’artillerie à l’époque Tudor
et Stuart en Angleterre.
II. 2 — Les Mécaniques de Galilée
Ce travail d’édition et de traduction des
Mécaniques de Galilée est mené par Sophie Roux et
Egidio Festa. Il doit paraître aux Belles Lettres.
Rappelons qu’il existe deux versions de ce
texte : une version brève et une version courte. La
première n’était pas connue de Favaro,
l’éditeur des Œuvres de Galilée au XIXe
siècle et était restée inédite. La seconde
a été éditée par Favaro à partir de
dix manuscrits. Quatre autres manuscrits ont été
découverts depuis. Sophie Roux et Egidio Festa ont montré
que l’un de ces manuscrits était proche de l’un de
ceux utilisés par Favaro pour son édition et que les
trois autres sont antérieurs à la première
édition imprimée du texte de Galilée par Manolessi
en 1655-1656. Ils présentent donc une édition de la
version longue fondée sur l’édition de Favaro avec
les variantes de ces trois manuscrits.
Dans le texte introductif à cette éditions, les auteurs
confrontent les concepts que Galilée élabore avec ceux
d’autres traités sur les machines simples du XVIe
siècle, voire de mécanique ancienne. Ils souhaitent aussi
montrer comment, dans ses œuvres ultérieures,
Galilée a repris ces concepts, ou, au contraire, les a
abandonnés. Il ont publié quelques échantillons de
ce travail dans :
1) Sophie Roux, Egidio Festa, « A Plea for a Long Term-History.
The Inclined Plane from Hero to Galileo », dans W. R. Laird et S.
Roux éd., Mechanics and Natural Philosophy : Accommodation and
Conflict, coll. « Boston Studies in the Philosophy of Science
», Kluwer Academic Publishers, Dortrecht/Boston/London, à
paraître (26 pages).
2) Sophie Roux, Egidio Festa, « La moindre petite force suffit
à mouvoir un corps sur l’horizontal.
L’émergence d’un principe mécanique et son
devenir cosmologique », Galileiana, à paraître (32
pages).
II. 3 — Mathématiques et théorie du mouvement (XIVe – XVIe siècles), Presses du Septentrion, Lille, 2007.
Ce recueil collectif, sous la direction de Joël Biard et Sabine Rommevaux, contient les articles suivants :
1) Joël Biard et Sabine Rommevaux : La question du mouvement, introduction.
2) Elzbieta Yung et Robert Podkonski : Richard Kilvington on proportions.
3) Edith Sylla : Calculationes de motu locali in Richard Swineshead and Alvarus Thomas.
4) Edmond Mazet : Quelques aspects des
méthodes mathématiques de Richard Swineshead dans les
Traités des Calculationes sur le mouvement local.
5) Jean Celeyrette : Le mouvement selon la cause chez Messino da Codronchi et Angelo de Fossombruno.
6) Sabine Rommevaux : Les règles du mouvement de Blaise de Parme.
7) Joël Biard : La Question sur les rapports d’Alexandre Achillini.
8) Jean-Jacques Brioist et Pascal Brioist : Harriot, lecteur d’Alvarus Thomas et de Tartaglia.
Avec les articles de Elzbieta Yung et Robert Podkonski, de Edith Sylla
et d’Edmond Mazet, nous revenons sur l’école des
calculateurs d’Oxford. E. Yung et R. Podkonski montrent comment
la question du mouvement est traitée par Richard Kilvington dans
différents textes, en particulier son commentaire à la
Physique, mais aussi dans ses Questions sur la génération
et la corruption, ou dans son commentaire des Sentences. Ils montrent
que Richard utilise ce qu’on nomme communément la «
loi de Bradwardine ». E. Yung affirme à ce propos que la
paternité de cette loi revient à Kilvington
plutôt qu’à Bradwardine; cette thèse est
discutée par les spécialistes. Si l’importance des
travaux de Swineshead en philosophie naturelle est largement reconnue,
il manquait à ce jour une analyse des méthodes
mathématiques qu’il met en jeu, et qui sont d’une
grande sophistication. E. Sylla et E. Mazet comblent cette
lacune. Et E. Sylla montre comment Alvarus Thomas, au XVIe
siècle, reprenant la tradition des traités sur le
mouvement de Swineshead, Bradwardine, Oresme, Albert de Saxe, et
d’autres, permet d’éclairer la lecture de
Swineshead. Avec Jean Celeyrette, Sabine Rommevaux et Joël Biard,
on aborde l’école italienne. S. Rommevaux montre comment
Blaise de Parme critique la « loi de Bradwardine » et la
rejette, à la fois pour des raisons mathématiques, mais
aussi pour des raisons physiques, ces deux plans étant
dissociés. J. Celeyrette montre qu’à
l’époque de Blaise de Parme, d’autres maîtres
ès art des université du Nord de l’Italie se sont
intéressés à la question du mouvement, et
qu’ils connaissaient à la fois le traité de
Bradwardine, mais aussi celui d’Oresme. Quant à Joël
Biard, il montre comment les critiques de Blaise sont reprises à
la fin du XVe siècle et au début du XVIe en Italie.
Enfin, avec J.-J. et P. Brioist, nous retournons en Angleterre,
à la fin du XVIe siècle et au début du XVIIe. Ces
deux auteurs ont montré que l’on ne peut comprendre les
réflexions de Harriot sur le mouvement qu’en relation avec
ses notes de lecture sur Alvarus Thomas et sur Niccolò Tartaglia.
Avec ce volume, ce sont les principaux jalons de la
postérité de la « loi de Bradwardine »
(reprises, critiques, influence…) qui se trouvent
restitués. C’est un aspect essentiel des relations
originales qui s’établissent entre mathématiques et
physique durant deux siècles.
III. Les colloques
III. 1 — “Atomism and
its Place in Medieval Philosophy”, Oxford, 26-27 novembre 2004
La question du continu, que nous avions déjà
abordée lors d’une journée d’étude
à Lille, en avril 2003, a été reprise lors
d’un colloque international, intitulé “Atomism and
its Place in Medieval Philosophy”, organisé par Cristophe
Grellard et Aurélien Robert. Ce colloque s’est
déroulé à la Maison française
d’Oxford et a été financé avec l’aide
du GDR 2522 et du Centre Antique et Médiéval de
l’Université Paris I-Panthéon Sorbonne.
Les deux journées du colloque ont été
divisées en trois thèmes : « Atomes et indivisibles
» ; « les réactions à l’atomisme
» et « l’atomisme parisien des années 1330
».
John E. Murdoch (Harvard University) et Aurélien Robert (CESR)
ont parlé de la nature des indivisibles, le premier en dressant
un tableau général des différentes thèses
au XIVe siècle, le second en s’intéressant à
un auteur atypique à l’université d’Oxford :
Guillaume Crathorn. Les débats ont donc porté sur la
nature purement mathématique des indivisibles (les points) ou
sur la naissance d’un véritable atomisme physique.
La deuxième séance s’est attachée aux
arguments anti-atomistes, avant et après le XIVe siècle,
afin de montrer comment le renouveau de l’indivisibilisme du XIVe
siècle à Oxford et Paris se trouvait
enchâssé dans des critiques puissantes et innovantes,
comme celles de Thomas Wylton, dont a parlé Cecilia Trifogli
(All Souls College, Oxford), et celle de Blaise de Parme sur laquelle
Joël Biard (CESR) a attiré notre attention.
Enfin, la dernière partie de ce colloque était
consacrée à l’atomisme parisien des années
1330 en particulier. Il s’agissait d’évaluer la
porosité entre les philosophes d’Oxford et ceux de Paris
ou, au contraire, d’en faire ressortir les différences
profondes. À cet égard, Gérard d’Odon, qui a fait
l’objet de l’exposé de S. de Boer (University of
Nijmegen) – par ailleurs éditeur des textes physiques de
Gérard d’Odon pour ses Opera omnia – occupe une
position médiane entre les positions d’un Henry de Harclay
ou d’un Walter Chatton, pour le côté anglais, et
d’un Nicolas d’Autrécourt, pour le côté
français, qui, comme l’a montré C. Grellard (Paris
I), propose une véritable physique atomiste et non pas seulement
un argumentaire sur la question du continu comme la plupart des
protagonistes des débats atomistes au XIVe siècle. Enfin,
Jean Celeyrette a présenté un débat méconnu
qui a opposé Jean Buridan et un certain Montescalerio sur la
nature du point, dispute qui fait ressortir la complexité du
réseau argumentatif parisien de l’époque.
En évaluant la place de l’atomisme dans la philosophie de
la fin du Moyen Âge à travers ces journées
d’études, plusieurs points importants sont ressortis des
exposés ou des discussions :
1) on ne peut pas déclarer qu’il existe un atomisme médiéval latin
2) les jugements de John Murdoch sur la nature profondément
mathématique des débats sur le continu doivent être
nuancés au regard de positions telles que celles de Guillaume
Crathorn ou de Nicolas d’Autrécourt qui proposent de
véritables physiques atomistes
3) il est difficile de séparer franchement les atomistes anglais et
français, car les exposés d’Aurélien Robert
et de Christophe Grellard ont montré à quel point il y
avait une matrice commune pour analyser l’indivisible chez
Crathorn à Oxford et Autrécourt à Paris. Par
ailleurs, Sander de Boer et Jean Celeyrette ont bien montré que
les thèses anglaises de Harclay et Chatton étaient bien
connus
Ce colloque donnera lieu à une publication et les organisateurs
ont choisi pour cela de faire appel à des intervenants
extérieurs supplémentaires pour éclairer tel point
de doctrine ou tel aspect historique méconnu. A part Thomas
Wylton à la toute fin du XIIIe siècle-début XIVe
siècle, aucune communication n’envisageait la place des
arguments atomistes au XIIIe siècle. Rega Wood a donc
accepté de se joindre au projet de publication en apportant une
contribution sur Richard Rufus de Cornouailles (auteur anglais du
milieu du XIIIe siècle), qui n’est pas atomiste mais en
connaît les ressorts et les examine. Une autre question
s’était posée lors du colloque : pourquoi les
auteurs prennent-ils souvent un problème théologique
comme prétexte pour traiter des questions mathématiques
ou physiques du continu ? Richard Cross (Oriel College, Oxford),
spécialiste de physique et de théologie
médiévales, devrait donner un texte sur ce contexte
théologique très particulier. Enfin, Emily Michael
(Boston College, New York) écrira un article sur John Wyclif,
auteur connu pour ses positions théologiques, moins connu pour
son atomisme radical, très proche de celui de Crathorn et
d’Autrécourt déjà étudiés
pendant ces journées d’étude.
III. 2 — Colloque sur les “Formes d'interaction entre mathématiques et philosophie naturelle”, Tours, 24-25 novembre 2006.
Ce colloque est l’aboutissement du programme de recherche. Dans
celui-ci, nous nous étions proposé d’étudier
les relations qu’entretiennent certains domaines des
mathématiques, en particulier la théorie des proportions,
avec certains aspects de la connaissance de la nature comme les
théories du continu et de l’infini, les théories du
mouvement et la science des poinds et des machines simples ; la période couverte
allant du début du XIVe siècle jusqu’à la fin du XVIe siècle.
Il s’agissait pour nous de comprendre comment se nouent des
formes originales de mathématisation de phénomènes
physiques, qui ne sont réductibles ni à la théorie
aristotélicienne de l’abstraction, ni à une vision
de la nature “écrite en langage
mathématique”.
Un des résultat de nos travaux a été de montrer
que si durant cette période se font jour de nombreuses
tentatives d’utilisation des mathématiques pour la
résolution de problèmes de philosophie naturelle, cette
utilisation ne va pas nécessairement de soi et l’attitude
des différents auteurs que nous avons étudiés est
à ce sujet très contrastée, entre le refus
catégorique et l’acceptation sans état
d’âme.
Nous souhaitons revenir dans ce colloque sur certaines des questions
que nous nous sommes posées au cours de ce travail, aussi bien
à propos des domaines que nous avons étudiez que dans
d’autres aspects de la philosophie naturelle. Il nous faut ainsi
reprendre le spectre des différentes attitudes suscitées
par cette intrusion des mathématiques dans des domaines
où, selon la doctrine aristotélicienne de
séparation stricte entre les disciplines, elles n’ont pas
droit de cité. Lorsque cette utlisation est acceptée, se
pose alors la question de la place et du poids des arguments
mathématiques face auxarguments philosophiques ou encore
logiques qui sont traditionnellement avancés. Il ne faut pas en
effet oublier que la logique, qui fut très
développée au Moyen Âge, était
considérée comme l’instrument principal de la
connaissance. Par ailleurs, il convient de se demander si
l’utilisation de modèles mathématiques change la
nature même des problèmes dans lesquels ils interviennent
et si elle conduit à de nouveaux questionnements. A cette
occasion, on ne pourra pas éviter de poser la question de
la nature des objets sur lesquels portent les problèmes
posés par les philosophes de la nature durant la période
que nous étudions. Il peut, par ailleurs, être
intéressant de porter notre attention sur d'autres disciplines
dites mixtes (comme la musique ou l’optique) qui posent
d’autres problèmes, non sans rapport avec ceux que nous
avons étudiés.
Voir le programme du colloque.