La réception des Éléments d’Euclide, en Occident, au Moyen Âge et à la Renaissance


Projet ayant reçu une Aide à Projets Nouveaux

du Département des sciences de l’homme

du Centre Nationnal de la Recherche Scientifique

Responsable : Sabine Rommevaux


    L’occident disposa de la totalité des Éléments d’Euclide dès le XIIe siècle grâce aux différentes traductions latines faites à partir de versions arabes ou même directement à partir du texte grec, et de traductions hébraïques. Depuis l’Antiquité, le traité euclidient suscita de nombreux commentaires, que ce soit de la part des mathématiciens grecs, des savants de langue arabe ou des érudits médiévaux et renaissants. Et il fut l’occasion de déviloppement mathématiques originaux, dès le XIIIe siècle. Par ailleurs, il fut un manuel d’apprentissage des mathématiques, que ce soit dans un cadre institutionnel (écoles, universités) ou non. Ainsi, dès le XIIe siècle, on trouve en Occident des versions des Éléments qui mettent en évidence les notions fondamentales et la structure déductive des résultats : les objectifs sont assurément pédagogiques. Enfin, du fait de leur architecture très structurée, les Éléments d’Euclide furent considérés par les philosophes comme le prototype de la rationalité discursive au delà du seul champ mathématique. Ses axiomes, certaines de ses définitions, la structure de ses démonstrations sont souvent cités en exemple et ils furent le modèle des tentatives de rationalitsation de domaines comme la théologie ou la philosophie de la nature.
    Lors d’un séminaire et de journées d’études organisées à l’université Lille 3 par Sabine Rommevaux, a été présentée une série de travaux sur ces différents aspects de la réception du traité euclidien, ses différents usages intellectuels et institutionnels, afin de mieux mettre en évidence la place spécifique de la pensée médiévale occidentale dans l’histoire des mathématiques. Ces travaux ont donné lieu à la publication d’un numéro spécial de la Revue d’histoire des sciences (vol. 56/2, 2003, dirigé par Sabine Rommevaux).

Sommaire du numéro 56/2 (2003) de la Revue d’histoire des sciences

Sabine Rommevaux, La réception des Éléments d’Euclide au Moyen Âge et à la Renaissance. Introduction.

Bernard Vitrac, Mes scholies grecques aux Éléments d’Euclide.

Ahmed Djebbar, Quelques exemples de scholies dans la tradition arabe des Éléments d’Euclide.

Jean Luc Solère, L’ordre axiomatique comme modèle d’écriture philosophique dans l’Antiquité et au Moyen Âge.

Max Lejbowicz, Le premier témoin scolaire des Éléments arabo-latins d’Euclide : Thierry de Chartres et l’Heptateuchon.

John E. Murdoch, Transmission into use : The evidence of marginalia in the medieval Euclides latinus.

Joël Biard, Mathématiques et philosophie dans les Questions de Blaise de Parme sur le Traité des rapports de Thomas Bradwardine.

Sabine Rommevaux, L’irrationnalité de la diagonale et du côté d’un même carré dans les Questions de Blaise de Parme sur le Traité des rapports de Thomas Bradwardine.

Jean Celeyrette et Edmond Mazet, Le mouvement du point de vue de la cause et le mouvement du point de vue de l’effet dans le Traité des rapports d’Albert de Saxe.

Edouard Mehl, Euclide et la fin de la Renaissance : Sur le scholie de la proposition XIII. 18.

Maria Rosa Massa-Estève, La théorie euclidienne des proportions dans les Geometriae speciosae elementa (1659) de Pietro Mengoli.

Jean-Marc Mendosio, Des « mathématiques vulgaires » à la « monade hiéroglyphique » : Les Éléments vus par John Dee.